Anorexie de la maladie à un mode de vie...

Aujourd’hui, parlons d’anorexie mentale.  Vous savez : ces filles obsédées par leur poids ? Aspirant à un idéal qu’elles se sont créé : la minceur, elles prônent le jeûne et l’affamement. Pour mieux nous rendre compte de leur univers, Grace, anorexique anonyme a accepté de témoigner.*

 « Je me présente, Grace et je suis une pro ana. Je suis anorexique et comme mes amies j’ai créé un blog sur l’apologie de notre mouvement : « Etre pro ana ». On se comprend entre maigres, on est là pour revendiquer notre droit à nous affamer ! Notre corps nous appartient et nous faisons ce que nous voulons avec. On publie des photos de nos stars préférées qui sont comme nous. Nous ne sommes pas les seules. D’ailleurs, moi, j’ai mis des photos de Nicole Richie. Je la considère comme notre maîtresse à penser. Nous avons le droit de nous exprimer et de communiquer nos pensées.

 Certains nous disent que nous avons été influencées par Photoshop, et que nous nous identifions à des canons de beauté impossibles. Mais j’y crois, c’est possible d’obtenir le corps de notre rêve et j’aime Photoshop. Je n’ai rien contre, d’ailleurs, si on s’en sert autant c’est qu’il y a bien une raison, non ?

 Nous nous aidons mutuellement grâce à ses blogs et nous nous encourageons. Nous sommes une grande famille. On est toutes là pour s’aider. Par exemple, on publie des recettes à suivre tous les jours. En sachant que la recette la plus efficace est encore de ne rien manger, bien sûr !  Il est vrai qu’une fois j’ai craqué, j’ai mangé un muffin, c’est environ 200 kcal !! Mais je l’ai vomi juste après, je me serais senti très mal autrement. Au final c’est pratique de faire croire à mon estomac qu'il a déjà mangé. Et pour éviter les triches, on doit se photographier tous les jours. On doit prouver qu’on suit bien les règles, c’est comme une sorte de journal intime avec notre corps. Nous avons aussi des challenges à remporter tous les jours : si je perds 20 kilos je peux m’offrir la robe de mes rêves même si je vais devoir l’ajuster. Ce qui est trop génial !

 Je reconnais mes amis les pro ana par le bracelet rouge, comme Nicole Richie ! On a plus nos règles non plus, j’ai l’œsophage complètement déchiré mais tant que j’arrive encore à vomir je me considère comme chanceuse !  Et d’ailleurs, on comptabilise aussi le nombre de fois qu’on peut avoir le cœur qui ralentit. On suit toutes scrupuleusement nos « 10 commandements », c’est en quelque sorte notre bible.

 Il ne faut surtout pas oublier notre but ultime, c’est atteindre un idéale de beauté basé sur la fragilité de notre corps. J’aime caresser mon corps et sentir mes os en appuyant légèrement, ce sont mes gouts  et c’est mon choix ! 

En 2007 et 2008 des propositions de lois relatives à la liberté de communication contre nos sites ont été discutées. C’est inadmissible, j’ai perdu la plus part des réseaux de mes copines depuis 2008. Mais cela ne nous arrête pas tant qu’on peut encore vomir et s’aider, on se sent moins seule et pro ana survivra ! »

 

 Cette maladie touche plus de femmes qu’on peut le croire. Certaines sont mortes à trop vouloir avoir un corps parfait, et à atteindre un idéal inaccessible. La faute à l’idéal à la Kate Moss construit à travers l’univers du mannequinat diffusé dans la société ? En tout cas, il n’est pas étonnant que les femmes les plus influençables aspirent à cela, elles sont entourées de cette image façonnée de toute pièce : «  la minceur à tout prix ! ».

Mais à quel prix ! S’il faut se ranger dans cet engrenage aliénant en vendant sa santé au diable, je préfère garder mes rondeurs et me savoir épanouie ! Car même si elles se convainquent que la manière dont elles agissent est un mode de  vie, je persiste et je signe que c’est une maladie et un énorme manque de confiance en soi. Elles sont omnibulées par des images faussées par les nouvelles technologies et l’univers de la mode. Si les mannequins sont aussi maigres, c’est uniquement pour pouvoir rentrer dans les vêtements qu’on leur demande de porter. Elles doivent s’effacer, on ne doit plus voir que le vêtement et non la personne qui le porte. Elles s’oublient, et en ce sens oublient qui elles sont réellement, et leur personnalité.

 Je choisis sans hésiter un corps avec des kilos en trop, plutôt qu’un corps cadavérique et me détruire à petit feu tout en m’empêchant de vivre.

*L’interview ci-dessus est une fiction, basée sur des données réelles tirées de vrais sites pro ana.

Muscade